La fac, ce joyau de l’éducation…

L’ironie de ce titre pourrait en faire tiquer plus d’un. D’abord parce que les facs françaises font partie des rares à ne pas faire payer des sommes astronomiques. Les frais d’inscription ne dépassent jamais les quelques centaines d’euros, et les étudiants boursiers en sont exonérés. Certes. Qu’il y a des bonnes facs, de bons profs, de bons cursus, oui, c’est un fait (qui n’est hélas pas généralité).

En revanche, des tas d’autres problèmes subsistent. Ces problèmes sont peut-être liés au caractère public des université, pourtant je redoute énormément la privatisation. Si les frais changent, des tas de gens comme moi ne pourraient plus y accéder, et malgré ce que j’en dis, ça reste un choix que j’ai fait et referais.

On passera sur la réputation pas volée de l’administration. De la grosse merde. Entre des secrétaires en sous effectif qui font de n’importe quelle démarche un peu poussée un enfer de lenteur, et certains profs joignables quand bon leur semble, on nous fait sentir que les erreurs concernant nos dossiers, nos notes mal rentrées (qui se soldent parfois par des zéros ou absences inscrites sur le bulletin alors que bon pour 8 pages en 3 heures ça sent l’arnaque), ou toute autre requête n’est pas du tout prioritaire.

Les profs, que dire des profs. Certains sont très bons, accessibles, souriants, chaleureux, aiment leur job et sont conscient de la chance qu’ils ont. Sans vouloir faire de généralités, ce sont pour mon cas précis les profs étrangers qui étaient souvent les meilleurs, en tout cas au niveau de leur rapport aux élèves et de leur attitude en cours, leur dynamisme. Beaucoup d’autre en revanche, se sont montrés quelque peu hautains, s’estimant bien placés pour nous juger du haut de leur chevaux normaliens, nous, pitoyables étudiants de licence de fac de province. Evidemment, rien d’explicite. Mais quand un prof de littérature explique à des L3 qu’il ne faut pas se laisser envahir par trop de culture populaire, comme si nous étions incapables d’avoir des goûts qui nous seraient propres en dehors de la radio et de la télé… quand un autre a gueulé sur des étudiants au début de l’année du haut de son statut de sous-directeur d’ufr parce que certains étudiants s’étaient inscrits à une horaire, n’étaient pas sur la liste, mais ne voulaient pas être relegués au groupe d’après (ce qui était normal et dans leur droit)… quand une autre, à quelques mois de la retraite, se permet d’interpeller les élèves maladroitement comme si elle s’adressait à des collégiens pour exiger d’eux qu’ils « articulent parce que vraiment là on comprend rien quand même » et de s’offusquer quand la personne en question se défend en disant qu’elle est malade par un « oh ! oh ! alors ça j’ai jamais vu ça ! jamais ! jamais un élève ne s’était permis de me répondre comme ça ! » … Et le manque de respect vis à vis des étudiants ça ne s’arrête pas à ces quelques interactions malvenues. Le manque de respect c’est aussi cet autre commentaire du prof de littérature qui dit sous couvert d’humour qu’il aurait préféré ne pas être là à nous faire cours, lui qui a la chance d’être prof à l’université là où d’autres galèrent au collège, au lycée, ou dans un autre métier à des lieues de sa vie confortable. C’est aussi cette prof d’option qui fait passer des exposés inutiles une moitié de semestre et qui se permet de se pointer avec des posts it en guise de notes…

Et puis les étudiants, parlons de certains d’entre eux. Il y en a des respectables, mais comme vous vous en doutez, je ne vais pas m’attarder dessus. En général, ils sont beaucoup moins populaires, ce qui est dommage, mais logique.

Il y a des étudiants qui sont là on ne sait pas trop pourquoi. Qu’ils viennent aux TD, où les absences répétées sont sanctionnées par un 0 en contrôle continu, ça se comprend. Qu’ils viennent aux CM, pour faire chier les autres en jacassant et en faisant les cons, c’est un phénomène social dont il conviendrait d’étudier les raisons. Il y a d’autres personnes encore, qui, assez fiers de leur personne, aime bien ouvrir leur grande gueule pour parler d’eux, de leurs projets, et de la prétendue nullité de tels autres étudiants ou profs. Généralement, quiconque ayant un esprit critique assez développé cerne vite leur vacuité intellectuelle. Il n’est en revanche pas facile de leur échapper. Ils aiment l’ouvrir, et les grandes gueules, avant qu’on n’aie le temps de dire ouf, ont déjà un cercle de relations étendu qui leur permettent de s’incruster dans beaucoup de conversation. Par chance, je suis restée toute l’année quasi-exclusivement avec mes deux amies de prépa, et on a échappé au pire. D’ailleurs, l’un de ces mauvais bougre fera peut-être l’objet d’un article à part entière.

L’administration, les profs, les étudiants. Il y a pas mal de mauvais là dedans. Et quand on sort de prépa, le choc est assez déroutant. Si j’avais été seule, nul doute que je l’aurais mal vécu.

Bien sûr, l' »indépendance », la possibilité de glander beaucoup plus en ayant de meilleurs résultats est non négligeable. Mais l’année parait longue finalement, puisqu’on la passe à ne rien faire et à s’ennuyer quand certains profs estiment nécessaire de rappeler à des L3 ce qu’est le commerce triangulaire.

La fac en soit, ce n’est pas si mal. Mais les moyens manquent. Surtout dans certaines filières littéraires, peut-être un peu délaissées au niveau régional voire nationale, rapport à leur réputation d’inutilité publique. Certains profs font le double d’heures de cours, sans pouvoir assumer la charge totale de tous ces étudiants, résultat : des tds surchargés. D’autres délaissent un peu la partie cours, et préfèrent se consacrer à la recherche, le coeur de leur métier finalement. Mais ça rend leur travail en tant que prof presque nuisible, un étudiant qui se sent méprisé n’a pas envie d’écouter, de donner le meilleur de lui-même. C’est un fait, nous, étudiants, dans notre globalité, sommes parfois regardés de haut, jugés plus stupides que les générations précédentes, et la culpabilité est évidemment de notre côté. Un prof privilégié, plus doué que la moyenne, ou plus chanceux au cours de ses études, ne va pas toujours savoir remettre en question certaines choses essentielles. Certains croient en la méritocratie dur comme faire, alors que le mérite est une donnée des plus subjectives. Pour avoir du mérite, encore faut-il qu’on nous ai donné l’envie, le courage, les capacités de s’émerveiller et de s’intéresser pour un sujet. Sans ça, un étudiant ça va, ça vient, toujours pas sûr, en L3, de ce qu’il veut faire de sa vie.

Vote inutile

Ces présidentielles, ça me gonfle. La première fois que je peux voter pour un président, j’ai l’impression que c’est l’année où on se fout le plus de la gueule des Français, tous autant qu’ils soient. Une fois le premier tour passé, il y en a du monde pour gueuler et à appeler à la responsabilité des Français. Pourtant, malgré les sondages, avant les résultats pourtant très bien « prédits », la menace de voir Marine Le Pen rassembler autant de gens existait déjà, et les personnalités se gardaient bien de faire leurs discours mi-biographiques mi-engagés sur la beauté et la diversité de la France. D’ailleurs, tant d’autres enjeux sont presque ignorés, alors que l’écologie est l’une des grandes perdantes de ce futur quinquennat, quel qu’il soit.
Alors certes, idéologiquement, jamais je ne pourrais cautionner un parti tel que le FN pas la peine de tergiverser. Pourtant, je comprends et je vois qu’il y aura beaucoup de votes ou de non-votes en réaction à la même soupe immonde et même pas cachée de politique économique, qui, sous couvert de croissance, va encore une fois soutirer aux gens « normaux » une partie de leur qualité de vie si ce n’est nécessaire de survie, tout ça alors qu’on sait tous que l’argent est là (à l’heure ou l’écart entre les plus pauvres et les plus riches se fait plus que jamais ressentir) mais qu’il est plus facile de piocher dans certaines poches que d’autres. Le vote « utile », « barrage » n’a plus de sens pour certains, et c’est dire à quel point on en est arrivé. Moi-même j’hésite à glisser un papier avec un gros « Fuck » à côté de Macron, dans l’urne, étant donné que le vote blanc n’est pas pris en compte. Je vois beaucoup d’indécis ou de gens dépités se faire traiter d’irresponsables, et ça me désole de voir que notre dégoût soit ainsi dénigré, de voir des personnes cataloguées d’immatures, égoïstes et j’en passe alors qu’il me semble que la part de votants à avoir fait un choix réfléchi et altruiste au premier tour est faible (mais ce n’est que mon avis). Sincèrement, je pense que les deux candidats sont dangereux, et que les deux useront de moyens honteux pour parvenir à leurs fins (et que beaucoup ont la mémoire beaucoup trop courte, à l’échelle de ces cinq dernières années, de leur propre vie, ou de l’histoire). De mon point de vue, j’ai à choisir entre une politique qui va remettre en cause nos droits sociaux déjà amochés, en tout cas pour les cinq ans à venir, ou une politique qui risque de devenir un peu trop autoritaire et intolérante pour une démocratie, en tout cas, pour les cinq ans à venir. Dans les deux cas, je vote contre des valeurs en lesquelles je crois. Et tout ça, dans l’incertitude : qu’est-ce qui est vraiment le pire, quel parti abusera le plus du pouvoir ? La constitution, l’assemblée nationale et les diverses alliance internationales ne sont-elles pas censées nous protéger de dérives portant atteinte à la liberté, l’égalité et la fraternité ? Qu’est-ce qui cloche dans notre système pour qu’une simple élection puisse permettre la remise en cause de nos droits les plus élémentaires ? A en croire des gens peut-être mieux armés que moi, Macron serait plus facile à modérer en interne une fois élu, notamment parce que nos droits de contestations par la grève et la manifestation tiendront (mais je pense amèrement au 49.3 et à un dirigeant pourtant qualifié de « mou » qui n’a pas du tout flanché devant ces nombreux citoyens justement déjà « en marche »).
Si je devais voter égoïste j’irais peut-être juste en tant que femme, pour ne pas voir un ministère de la femme au foyer surgir de nulle part, ainsi que des coupes budgétaires au planning familial, en pensant aux minorités qui elles aussi pourraient souffrir de ce genre de choses si ce n’est pire. En sachant que de l’autre côté, la pauvreté de certaines de ces minorités ne fera que s’accroître bien entendu. C’est dingue, l’enfer n’est même plus pavé de bonnes intentions.

J’ai fait une dépression sans le savoir

C’est un peu bizarre, je sais. Mais c’est ce qui s’est passé. J’ai longtemps pensé que le mot “dépression” était trop fort pour décrire ce que j’avais vécu, je pense que j’avais tort. Pour deux raisons, la première c’est que je refusais d’admettre que quelque chose clochait dans la manière dont je me percevais et dont je percevais le monde. J’étais une merde, et je vivais dans un monde de merde, fin de l’histoire. La seconde raison, c’est que j’ai toujours eu peur qu’on minimise mes sentiments, qu’en me disant que ce n’était pas une dépression, on se permettrait de penser que ce n’était pas si grave, que j’exagérais. Alors je préférai dire que j’avais été très triste, sans trop savoir pourquoi, au point de pleurer plusieurs fois par jour, tous les jours, sur des périodes de plusieurs semaines, plusieurs mois sans réels éléments déclencheur. Oui, ou la définition de ne pas aller bien au sens maladif hein. Dépression c’est finalement un mot qui colle bien, maintenant que j’ai du recul.

Alors concrètement, comment est-ce que j’ai vécu tout ça ? voici les détails.

Tout a commencé en seconde, quelques semaines après la rentrée des classes. Je ne connaissais personne, j’avais été séparée de mon petit groupe d’amies qui avait d’ailleurs cessé d’exister puisque quelques querelles plus ou moins importantes l’ont divisé. Pas très important, je voyais toujours celle qui est devenue ma meilleure amie, et ma vie amicale n’a jamais été aussi “intense”. Pas parce que j’avais beaucoup d’amis, mais parce que cette amie là est devenue un pilier. Mais là où ça s’est gâté, c’est que mon entourage au lycée était loin d’être comme ça. Déjà, dans ma classe, j’avais été déçue de constater qu’entre des fausses racailles et des ados en mal de reconnaissance qui faisaient tout pour avoir l’air cool mais se rendait ainsi insipides, je n’ai pas trouvé de personnes à qui m’attacher. Enorme désillusion, moi qui croyait rencontrer plus de gens qui me ressembleraient, qui auraient des délires du même genre que les miens. En plus de la désillusion, la peur. Je sais que quelques filles ont essayé de m’intégrer, ça n’a pas marché, je me sentais très, vraiment très mal à l’aise dans cette classe. La peur, elle est venue de ces deux mecs qui venaient se foutre de ma gueule, de manière plus ou moins subtile. Avec eux, le sentiment que toute la classe se foutait de moi aussi s’est installé, alors que ce n’était sans doute pas vrai. Ils avaient sans doute pitié, je savais qu’ils me pensaient “asociable”, donc bizarre, mais personne n’a jamais essayé de me faire du mal intentionnellement. Même ces deux mecs là faisaient surtout ça pour s’amuser. Mais le résultat de toutes ces choses combinées, m’a fait réaliser que ma vie ne se déroulait pas comme j’aurais voulu. Je n’étais pas heureuse.

Tout ça s’est manifesté de manière très claire. Je pleurais, tout le temps, à cause de pensées que je faisais tourner dans ma tête en boucle. Très rapidement, les séances de larmes se sont rapprochées, et je pleurais le matin avant de sortir de ma chambre, dans le bus en allant au lycée. Je pleurais à nouveau le soir, dans le bus. Puis, dans mon lit, après le repas. Le soir, c’était long. Tout ces moments étaient presque choisis : personne que je connaissais ne me voyait pleurer. Je n’ai jamais pleuré en classe, je n’ai que très rarement pleuré (en tout cas en comparaison)  devant les quelques amies que j’ai fini par me faire, et un peu devant mes “vraies” amies de collège. J’avais rapidement compris que pleurer devant les gens qui ne tenaient pas à moi ne ferait qu’augmenter la mauvaise impression qu’ils avaient de moi ; et j’avais honte, je ne voulais pas qu’on croie que je voulais attirer l’attention. Et pleurer devant les gens à qui je tenais leur ferait du mal.

Ces pensées, c’était quoi ? Un mélange de tout et n’importe quoi. Je me sentais juste mal, je pensais que je ne servais à rien, que je n’avais aucun intérêt, que je ne retrouverai jamais un groupe d’amis comme celui que j’avais au collège (ça c’était vrai, mais je l’ai gardé donc tout va bien), que les gens ne pouvaient pas m’aimer pour ce que j’étais, que je ne voulais pas porter un masque pour plaire aux gens, que la vie c’était nul si c’était ça, mais que je pouvais pas mourir parce que ça aurait été horrible pour ma mère et ma meilleure amie. Deux personnes qui étaient là heureusement.

Comment je m’en suis sortie alors ? Puisque j’ai toujours refusé d’admettre que quelque chose de pas normal se passait dans mon cerveau, je n’ai jamais consulté de psy. Pas une fois. Je n’ai pris aucun médicament, suivi aucune thérapie. Alors forcément, ça a traîné sur presque trois ans. En Première, je pleurais un peu moins, mais c’était plus intense, surtout parce que j’avais des “vraies” raisons de pleurer en voyant ma meilleure amie s’éloigner. Et en Terminale, malgré notre rapprochement, j’avais déjà passé deux années tellement merdiques, que la récurrence de certaines pensées m’empêchaient de sortir du cercle vicieux. Petit à petit, j’ai arrêté de pleurer. D’ailleurs c’est assez paradoxal, mais il m’a fallu passer par une phase de colère contre le monde et le “destin” pour aller mieux. C’est quand deux amies, dont ma meilleure amie, ont commencé à aller très mal que je me suis dit que je devais aller bien. Et puisque je m’en était fait un devoir quelque peu artificiel, forcément, ce fut un peu bancal au début.

Le début de ma première année post-bas fut parsemé de petits nuages, et enfin, je me suis redéfinie. Je n’avais plus à avoir peur, à être triste. Les gens cools, et qui en plus pouvaient m’apprécier pour ce que j’étais n’étaient pas si rares. J’ai regagné confiance en mes qualités, pourquoi j’avais oublié que j’étais drôle punaise ? Et pas si conne non plus, quand même.

Alors certes, ce ne fut certainement pas la pire des dépressions du monde, mais le chemin fut long et laborieux.

Fragile

C’est une expression à la mode ça. Dire de quelqu’un qu’il est “fragile”. Qu’est-ce que ça veut dire ? Tout simplement qu’on nous juge trop sensible. Par rapport à quoi ? Par rapport au manque de respect.

C’est fou non ? On n’a pas droit au respect parce que c’est un truc de fragile de faire remarquer qu’il y a un problème. Quand on pointe du doigt l’irrespect au niveau du langage, par exemple en disant qu’on n’a pas à dire de quelqu’un que c’est un pd, peu importe la raison, qu’il soit efféminé ou pas, hétéro, homo, ou autre, on va se retrouver avec des gens qui vont retourner l’accusation pour dire que ce n’est pas de la faute de la personne, mais de la nôtre qui ne savons pas prendre les choses bien. Alors qu’on ne dit pas ça, c’est tout. On a le droit de ne pas accepter des remarques homophobes, sexistes, racistes, c’est même la base bordel de merde !

Sous couvert d’humour (et quel humour, que c’est drôle j’en pisse dans mon froc !), il faudrait dire oui à tout ? Bah non. Prenons Charlie Hebdo par exemple, qu’il s’en prenne ironiquement, sarcastiquement, aux djihadistes, des criminels innommables et non-identifiés : oui. Qu’il fasse un dessin évoquant entre autre la mort atroce de père de Stromae de manière très crue : non. Vous imaginez vous la réaction de Stromae, qui est une personne avant d’être un artiste de notoriété publique, ainsi que celle de sa famille ? C’est absolument atroce.

Notre société a soif de liberté. Mais celle de l’irrespect est inacceptable.

Battez-vous pour plus de liberté politique. Le 49.3 devrait plus vous inquiéter. Battez-vous pour la liberté de genre, femme, homme, transgenre ou non, genderfluid, genderneutral, etc. Le problème des transgenres qui ne peuvent pas aller dans les toilettes qu’ils/elles veulent devrait plus vous inquiéter. Battez-vous pour la liberté de la sexualité, hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, asexuelle, etc, les non-hétéro qui se prennent des insultes voire pire devraient plus vous inquiéter. Battez-vous pour la liberté d’apparence, maquillé ou pas, gothique, lolita, punk, ringard, simple, classe, coiffé, décoiffé. Vos propres choix vestimentaires devraient plus vous préoccuper. Ne vous mobilisez pas pour dire aux autres d’arrêter de vouloir le respect et la bonne entente. Prenez parti pour des causes plus matures.

Battez-vous pour des choses qui en valent la peine.

Acceptez vos putains d’émotions

Ce titre est agressif. Pourtant, c’est aujourd’hui ce que je vais dénoncer dans cet article.

Ne nous le cachons pas, je suis sensible, sans doute plus que la moyenne, certains diraient “trop”. Info, intox, connerie, vous n’allez sans doute pas en savoir plus à ce sujet, mais ça ne fait pas de mal d’en parler.

Je ne vais pas appeler l’ensemble de l’humanité à être comme moi, à ressentir ce que je ressens, parce qu’évidemment, chacun à sa propre sensibilité, et ce serait l’hôpital qui se fout de la charité on est d’accord. Cependant, la manière avec laquelle beaucoup de gens gèrent leurs émotions est à mon sens soit contre-productive, soit – pire – nuisible. Oui, beaucoup de gens extériorisent leurs émotions par l’agressivité. C’est sans doute un mécanisme de défense vieux comme le monde, je t’agresse pour que tu ne m’agresses pas, si je pleure je suis faible. Mais n’est-ce pas fatigant ?

De mon point de vue en tout cas, c’est épuisant. Beaucoup trop de personnes agissent comme ça tout le temps, dès qu’un truc les agace, ils se mettent en colère, rendant toute communication difficile. Ce qui rend le problème plus compliqué qu’il ne l’était finalement, aussi bien pour eux que pour les autres. Alors qu’au fond, qu’elle est le sentiment déclencheur ? La déception, le stress, la peur, l’anxiété, la tristesse… C’est vrai, dès qu’on parle de ces sentiments là, il y en a toujours pour se foutre de notre gueule (effectivement c’est du vécu). Pas étonnant de se sentir plus fort quand on joue à celui qu’il faut pas chercher. Alors quoi ? C’est mieux de gueuler ? C’est mieux de jouer à qui aura la plus grosse voix ?

Je sens qu’une petite remise en contexte sera plus parlante, alors je vais cracher le morceau. Je bosse comme équipière dans un “restaurant” Mcdonalds cet été. Autant vous dire que l’ambiance parfois charmante, est aussi quelquefois saupoudrée de tensions inutiles ajoutée par les employés plus ou moins exploités. Je peux comprendre bien sûr. Mais au bout d’un moment, quand on voit un manager être désagréable au point d’être incorrect avec ses propres clients, je me pose des questions. Les gens les plus zens sont finalement les saisonniers/étudiants les plus intelligents (je n’en fais pas partie puisque j’ai pleuré deux fois) Je ferai peut-être un article plus détaillé sur la question, mais je sens que Mcdo ne m’a pas encore révélé toutes ses surprises…

L’égo, le respect, la femme et l’homme

C’est un sujet auquel je réfléchis souvent, l’inégalité entre la femme et l’homme. J’ai déjà écrit un article au sujet du féminisme en lui-même. Celui-ci sera un peu plus différent, plus personnel, et j’ai vraiment envie de partager mes constatations. Ce n’est pas une science exacte, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que je touche à un aspect essentiel du problème.

On est tous des êtres humains avec une sensibilité propre, un égo plus ou moins grand, et une notion de respect de l’autre plus ou moins correcte. Pourtant, je constate de plus en plus que l’égo des hommes est à la fois plus souvent surdimensionné, et par conséquent aussi plus fragile que celui des femmes en général. Cette affirmation n’aura de sens qu’expliquée, c’est donc de ce pas ce que je vais le faire. Je vous avertis, lecteurs hommes ou femmes qui commenceraient à penser que cet article est sexiste anti-hommes, que je raconte des conneries, ou quoi que ce soit de ce genre : je ne prétends pas détenir la vérité, et je n’affirme aucunement que “les hommes sont tous les mêmes”. C’est une constatation, parmi tous les gens que je connais, je connais beaucoup plus de filles, rapport au fait que je suis en filière littéraire (et si ça c’est pas un exemple flagrant des conséquences du sexisme culturel je sais pas ce que c’est) que de garçons, mais étonnamment je connais plus de mecs fragiles de l’égo que de filles.

Mais alors, de quoi je parle, c’est quoi cette fragilité de l’égo ? Pour faire simple, ce que j’ai constaté plus souvent chez les hommes que chez les femmes, c’est une incapacité à recevoir une critique négative de soi-même, de son travail, ou d’un groupe auquel on se sent appartenir. J’ai par exemple déjà confronté quelqu’un à son irrespect total, à sa grossièreté, cette personne ayant été impolie envers-moi, et bien d’autres, et ce de manière agressive. Peu importe les raisons, à plus de soixante piges, on doit être plus mesuré, le “moi j’aime pas ça” alors je te traite de gros con, d’enculé (je déteste ce mot en tant qu’insulte au plus haut point) et je te dis que tu me fais chier, je suis désolée, mais ça ne passe pas. La remise en question n’existe pas. C’est assez incroyable. Autre situation dans laquelle la remise en question à l’air minime, voire inexistante : la rupture amoureuse. J’ai deux exemples, celui de mes parents, et celui d’une amie. Dans les deux cas, le protagoniste masculin est le plus grand responsable, celui qui a délaissé le partage et le dialogue parce que ça le faisait chier, et ce en dépit des efforts de l’autre côté. Le résultat, une séparation plus ou moins consentie. Jusque là, on peut se dire : ouais, bon, tant pis. Sauf que ces mecs là, dans ces situations là, ils ne supportent pas que la femme s’en aille de manière volontaire, et ils trouvent que ce n’est pas de leur faute. La fille en prend pour son grade, de “salope”, “égoiste” (vraiment ?), on l’accuse de ne penser qu’à elle, qu’au fric, en évitant de raconter la vérité aux proches, et si possible, des mensonges pour dénigrer l’autre et pour se faire plaindre. Dans ces situations particulières, l’homme n’a jamais tort, et si possible, rejette la faute sur la femme, et pourtant, on ne peut nier face à la vraie version de faits, que c’est l’homme qui a le plus de choses à se reprocher ici. Toute tentative pour les y confronter se solde par une agressivité irraisonnée, à croire qu’avoir tort est une abomination, et que mieux vaut encore mentir comme un arracheur de dents et se voiler la face, pour continuer et refaire exactement les mêmes erreurs.

De manière plus générale, le respect et la reconnaissances sont des choses qu’on accorde beaucoup plus volontiers à un homme qu’à une femme. Il n’y a qu’à allumer sa télé ou son ordinateur, lire, sortir dans la rue, vivre en fait, et surtout observer, pour s’en rendre compte. On décrit plus souvent une femme politique par son physique dans les gros titres, et on l’appelle plus souvent par son prénom aussi, certains hommes interpellent une femme pour lui faire des commentaires désobligeants comme si c’était une évidence, et on aura beau dire, la réciproque est vachement rare. Que ce soit en cours, ou dans le milieu professionnel, si un homme fourni exactement le même travail, il sera beaucoup plus félicité et mis en avant. Tout cela c’est en moyenne bien sûr, et dans des études sérieuses que vous devrez chercher sur internet si vous ne me faites pas confiance, mais ça résume assez cette mentalité. On flatte plus facilement l’égo des hommes, et on manque aussi plus facilement de respect à la femme.

Toujours pour parler de manière générale, les femmes réagissent peu ou moins au manque de respect, parce que “c’est un mauvais moment à passer”, parce qu’elles n’ont pas envie d’une confrontation agressive et encore moins de violence physique qui peut survenir en réaction à leur mise en question d’un tel comportement, parce qu’en tant que femme, on nous dit souvent “laisse, c’est pas grave”, ou encore “montre lui que ça ne t’atteint pas en n’ayant absolument aucune réaction, il va finir par se lasser”. On sait pourtant à quel point il est difficile d’ignorer les remarques, les taquineries malveillantes, et ce d’autant plus quand la personne en tort n’est pas si en tort que ça, puisqu’on ne lui dit rien, c’est pas ça ? Au garçon, ou à l’homme en tort, on n’ira rien lui dire, parce que c’est plus difficile de gérer l’agresseur que la victime. Et on parle aussi bien de relations entre camarades de classes, collègues ou complets inconnus, que des relations familiales, notamment entre frères et sœurs. Je suis sûre qu’en tant que femmes on a toutes eues affaire à ça, parce qu’on est censées être plus calmes, et raisonnées, c’est à nous qu’on demande de supporter et pas à l’autre qu’on interdit de manière efficace et durable de continuer. Ce n’est sûrement pas uniquement une question de genre, mais c’est un schéma qui s’applique très bien au sexisme. Pourtant, en acceptant ça, on contribue à faire de certains hommes des êtres capricieux qui n’ont jamais été puni de leurs conneries, qui ne comprennent jamais qu’ils ont un problème, et qui n’acceptent pas la critique. Et ces hommes là ne se remettront peut-être jamais en question, et j’insiste sur le “jamais”.

Il n’y a qu’à voir les groupes “anti-féministes” – qui m’énervent particulièrement. Et ce n’est pas tant le manque de pertinence, parce qu’ils peuvent soulever des points intéressant (c’est rare, mais possible), que la démarche et les arguments qui me font parfois regretter d’être venue au monde. La démarche en elle-même : les mecs n’ont pas compris ce qu’était le féminisme, et assimilent le mot à “bouh les femmes veulent nous couper les parties intimes”, suivi souvent de “putains de féminazis”. Ces personnes ont 1. Des problèmes avec l’image de leur propre virilité si ce sont des hommes 2. Aucun respect pour les victimes d’une idéologie ayant fait des millions de victimes. 3. Il reste beaucoup d’autres points, si on disait simplement qu’ils sont cons ça irait plus vite. Mais non, je vais détailler. Déjà les mecs, ils ont pas bien compris le principe de l’égalité, et ils sont aveugles face à leurs privilèges, mais passons. Ensuite, ils passent du temps à pointer du doigt les quelques extrêmes que comporte tout mouvement, pour dénigrer tout un groupe. Enfin, plutôt que de créer un mouvement positif pour l’égalité homme-femme appelé “égaligenre” (c’est un nom comme ça au pif, je propose), ils créent un mouvement négatif pour s’opposer au féminisme, en niant l’existence de problèmes avérés. Et si en plus ils rajoutent une couche de “oué mais en soixante huit elles ont voulu faire les p**** avec leur révolution sexuelle et pis maintenant elles détruisent la famille et elles sont pas contentes…” c’est encore mieux. Et si ça, c’est pas des hommes à l’égo fragile qui se sentent attaqués par le féminisme parce qu’on leur a jamais appris à respecter les femmes en tant qu’être égaux aux hommes, je sais pas ce que c’est. S’il vous faut un argument pour au moins être conscients de l’importance du féminisme, oui, à notre époque et dans notre société occidentale privilégiée, c’est bien ça : regardez les réactions face au féminisme, lisez les commentaires sous les articles et les vidéos, et vous verrez les sexistes se dénoncer d’eux-mêmes en prétendant qu’ils n’existent pas. C’est comme si vous demandiez “y a quelqu’un ?”, et que vous entendiez derrière la porte d’un placard “non y a personne !”.

Alors ouvrez les yeux, il y a des mecs bien, indéniablement, mais hélas beaucoup d’autres qui ont besoin qu’on leur offre plus de résistance. Ne vous inquiétez pas, il y a aussi des filles avec qui c’est une horreur d’obtenir un rapport d’égalité. Mais là au moins, ce sera moins probablement à cause des méfaits du sexisme que de son histoire personnelle.

Le féminisme c’est mal ?

Je ne savais pas que le féminisme était encore si controversé. Mais il faut croire que si. A chaque fois qu’il y a une conversation sur le féminisme, que ce soit IRL, ou sur internet, youtube ou facebook, il y en aura toujours pour penser que le féminisme, c’est mal.

Par où commencer ? Non, s’arracher les cheveux un à un c’est déjà fait.

Pourquoi le féminisme est mal vu ?

Premièrement, il y a encore beaucoup de gens qui pensent que le féminisme est composé de femmes souhaitant l’anéantissement des hommes, qui ne pensent qu’à la suprématie de la femme, une idéologie bien sexiste anti-homme en somme. Ouais, des féminazis. Oui, tu as bien lu, les gens traitent les féministes de féminazis, un mouvement qui dans sa forme principale doit souhaiter l’égalité homme-femme est associé à une idéologie raciste et meurtrière. Tout va bien les amis. Je suis très calme. Et si on pense ça, c’est parce qu’on croit que les féministes qu’on voit parfois dans les média, telles que les FEMEN représentent par leurs actions brutales l’ensemble des féministes, et qu’en plus de ça, ressemblent toutes à l’archétype de la féministe “mal-baisée” (j’espère ne plus jamais avoir à écrire cette expression), frustrée (c’est marrant comme on ramène la femme à cette idée que pour être épanouie, un homme doit la satisfaire sexuellement parlant…), qui hait les hommes du plus profond de son être et souhaite un nouvel ordre mondial dominé par les femmes qui – elles le disent non ? – valent tellement plus que les hommes.

Bon, ça majoritairement, c’est des cons qui le disent. Donc on ne va pas en tenir compte. Mais on rencontre aussi des arguments un peu plus travaillés.

En dehors de cette image de la femme castratrice et hargneuse, on essaie de nous dire que le féminisme ce n’est qu’un ramassis de pleurnicheuses qui ont des avantages bien plus grands que les hommes et qui osent se plaindre ! Comment osent-elles ? Parce que les hommes ont beaucoup moins la garde de leurs enfants. Les femmes sont beaucoup moins punies pour leurs crimes, notamment les agressions sexuelles. Parce que les hommes aussi souffrent, et qu’ils n’en font pas tout un fromage. Ils souffrent de jobs plus pénibles. Ils souffrent du même genre de violences conjugales et sexuelles que les femmes, ils avouent que ça concerne un pourcentage moins grand d’hommes que de femmes, mais quand même, eux aussi souffrent. Eux, ils doivent être des hommes, parce que sinon, on les traite de bon à rien quand ils sont pas des bonhommes.

Pourquoi on a tort de se laisser convaincre par de tels arguments ?

Même si j’ai été un peu sarcastique, la souffrance des hommes est tout aussi valide que celle des femmes, même quand on est féministe. Pourquoi ? Je l’ai pas dit plus haut ? Le féminisme, le vrai, c’est celui qui lutte pour que l’on considère chaque genre de manière égale. On a le droit de dire “ouais une femme c’est pas pareil qu’un homme” parce que c’est vrai. Mais traiter différemment un homme d’une femme ou une femme d’un homme sans autre raison que la différence de genre, ne mène qu’à la souffrance de l’un, de l’autre ou des deux.

Ce que je vais vous révéler va peut-être vous laisser sans voix hein. Mais le féminisme lutte pour qu’on traite femmes et hommes de la même manière, c’est aussi bien en faveur des femmes que des hommes. Les hommes comme certains aiment à la répéter pour faire croire que le féminisme leur nuit, avec plus ou moins de mauvaise foi, sont victimes du même sexisme qui nuit aux femme. J’aurai tendance à penser qu’ils en sont victime “indirectement”, mais ce n’est que mon opinion, et elle est peut-être fausse. Mais c’est le sexisme que le féminisme combat. En quoi les quelques sujets que j’ai évoqués tout à l’heure sont bien liés au sexisme envers les deux genres ?

Si les pères obtiennent moins souvent la garde de leurs enfants c’est 1. parce qu’ils la demandent moins (c’est con hein, mais faut pas l’oublier). Et 2. (parce que je ne vais pas faire la mauvaise langue) parce que dans notre société, une coutume sexiste veut que s’occuper des enfants c’est le rôle de la femme. Et là où ça en arrange beaucoup (ne mentez pas vous le savez), alors que c’est moisi, on voit bien que dans d’autres cas c’est dérangeant tout à coup.

Si les hommes qui souffrent le font en silence, c’est parce qu’un stéréotype sexiste veut que l’homme soit solide comme le roc, pleurer c’est pour les gonzesses, tais-toi et soit fort. Roh la tapette qui se fait battre par sa femme. Pfff, vas-y un homme ça a toujours envie de sexe sinon c’est pas un homme. Donc, il faut arrêter un peu de jouer les effarouchés avec le féminisme, parce qu’on essaie de lutter contre ce genre de choses aussi. Toi, l’homme tu as envie de toujours devoir inviter la femme au resto ? ou bien de toujours avoir à être galant parce que ça marche dans ce sens et pas dans l’autre ? Ou je sais pas, de devoir accepter que quand la fille que tu aimes se balade seule dans la rue, il y a obligatoirement des mecs qui vont la mater voire l’interpeler ou même la toucher parce qu’elle est “bonne” et que c’est pas un crime parce que c’est ça d’être une fille et c’est ça d’être un mec ? Une pulsion incontrôlable qui pousse les femmes, toutes, à n’aimer que leur apparence et les romans à l’eau de rose, et les hommes, tous, à vouloir sauter sur tout ce qui bouge et à ne pas parler de sentiments ?

Pourtant, les hommes et les femmes que je connais défient tous ces stéréotypes. Je ne dis pas pas que tout ce qu’on trouve de féminin doit être banni du comportement d’une femme, ou que tout ce qu’on trouve masculin doit être banni du comportement d’un homme, mais que chacun des genres devrait être libre de faire ce qu’il veut sans qu’on le rabaisse à le comparer à l’autre genre en sous entendant que ce n’est pas normal. Je sais que physiologiquement, un homme et une femme ce n’est pas pareil, mais bon on est dotés de la même conscience, des mêmes capacités cérébrales, et tant qu’on le peut, on devrait pouvoir faire ce qu’on veut sans se soucier du qu’en-dira-t-on – dans les limites de la loi et du respect d’autrui. Mais tant qu’il y aura des bouchés qui ne comprendront pas, on va tourner en rond, et c’est vraiment dommage.

Je me rends compte que je n’ai pas fait allusion aux hommes féministes, mais bien sûr ils existent, et rien que ça, ça devrait faire avancer la cause. Mais faut croire que pas tellement.

Commentaires de profs

On est souvent beaucoup plus conscients des injustices qu’on a sous les yeux. Injustice est peut-être un mot fort, mais en tout cas je vais dénoncer ici un défaut que je déteste particulièrement chez les profs.

Même en niveau supérieur, même en classe prépa, on croise des profs cons. Ces profs, sans connaître ni la vie de l’élève, ni ses difficultés, et encore moins ses motivations, se croient en droit de juger de la qualité de son travail et de faire des commentaires plus ou moins cinglants pour marquer leur désapprobation. Du “c’est décevant”, au “aucun effort”, on peut vite en vouloir à un prof pour ce genre de remarque subjective qui n’engagent que lui. En prépa littéraire, sortir à un élève un truc pareil, c’est comme dire à un cherche de renom qui fait exploser une éprouvette qu’il a raté son expérience et qu’il aurait dû y mettre plus du sien. Arrivé là, il faut quand même apprendre à relativiser.

Je suis sans doute moi-même subjective ici, puisque je parle de mon professeur de philosophie, qui vient de m’envoyer ma copie du dernier concours blanc par mail (à quoi… trois jours de l’épreuve). J’ai eu 8. Pas catastrophique me direz-vous. Mais bon, il aurait pu se passer de commentaires. Quand je lis que c’est sans doute parce que j’ai pas assimilé en profondeur les références philosophiques, je dis que c’est vrai. Quand je lis “vous aviez pourtant un an pour le faire” je dis : se foutrait pas un peu de ma gueule ce con là ? Sérieusement, d’où il a vu que juillet (si on considère que j’avais vraiment envie de bouffer de la philo pendant les vacances), mais on va dire septembre-avril ça faisait un an ? En plus il est bien drôle lui, mais on est en cursus général, ce qui signifie qu’en plus de la philo il y a les lettres et l’anglais qui ont un coeff plus gros, l’histoire et la géographie, qui supposent aussi un travail approfondi de lectures et de révisions très conséquent. Sans compter le fait qu’il a pas idée de qui je suis. De comment j’ai vécu cette année (et par moments vraiment pas bien), du temps que j’aurais économisé à pas venir à son cours inutile et chiant, et du respect que ça démontre de ma part de pas avoir été absente ou en retard une seule fois dans l’année dans aucune matière, d’avoir toujours été aux concours blancs (il y en a trois) et aux khôlles toujours bien préparées, et croyez-moi, ça parait évident dit comme ça, mais ça ne l’est pas pour tout le monde. En plus de ça, j’ai dépensé beaucoup trop d’argent dans des livres qui ne me resserviront jamais.

Tout ça pour quoi ? Parce que le concours, je ne le vise pas. Je ne veux pas khûber, l’année prochaine je vais à la fac. Alors, si j’ai travaillé un minimum, c’est par respect et parce que je l’ai bien voulu. Si je n’avais pas été à ce DS il ne m’aurait pas mis de note de toute façon. Alors on fait quoi dans ces cas là. Je veux dire là, à ce niveau j’en ai plus grand chose à faire, le concours c’est maintenant, et je vais foirer la moitié des épreuves, et ça n’aura aucune incidence sur ma vie, si ce n’est que c’est sûr et certain que je n’aurai pas l’ENS. Bref, c’était un coup de gueule subjectif sur les profs qui ont oubliés que la vie c’est pas toujours aussi facile que ça en a l’air quand on a 19 ans, qu’on a beau avoir de la chance, on peut être déprimé, on peut en avoir marre d’un système absurde de bourrage de crâne, on peut être dégoûté de travailler pour un objectif bidon.

Je lui enverrai peut-être un mail pour lui dire ce que je pense de ses cours et de son attitude, mais j’attends la fin de l’année. Pas folle la guêpe.

Journalisme et connerie

Qu’on se le dise, je ne lis que très peu les journaux (alors même que ma formation voudrait que je lise la presse française, anglo-saxonne et hispanique). Pourquoi ? Déjà parce que ça me fait souvent chier, que c’est souvent mal écrit, et que c’est aussi très souvent désespérant, affligeant de médiocrité, et qu’en version papier, c’est payant.

Mais si je vous écris aujourd’hui, c’est avant tout à cause de cet article : Inquiétant : un jeune sur deux a déjà ressenti des troubles mentaux, du Figaro Etudiant. Par où commencer. Déjà titre racoleur, pour attirer le plus de monde possible. Et puis, le contenu. Du gros n’importe quoi, leur source IPSOS est un seul sondage, d’environ 600 jeunes ainsi que 600 parents parlant au nom de leur enfant. Il faut ne serait-ce que regarder les questions de ce sondage : “vous est-il arrivé au cours des 30 derniers jours de ressentir (indiquer la fréquence) : – de dire des choses inappropriées ou perdre le fil des conversations – que les choses qui se passent autour de vous ont une signification spéciale que vous êtes le seul à percevoir”. Bon, si ça c’est avoir des troubles mentaux, seuls les gens en état de mort cérébrale sont sains d’esprits…! Mis à part ça, écrire des généralités sur un sondage, un seul… c’est fumeux, surtout pour en tirer des conclusions du genre

“Si les jeunes sondés sont globalement bien dans leur peau, ils sont toutefois 63% à être inquiet quant à leur avenir au sein de la société française, et un tiers d’entre eux (37%) se sentent souvent stressés. Paradoxalement, plus d’un jeune sur deux (55%) déclare avoir déjà été gêné dans sa vie quotidienne par des «symptômes de difficulté mentale» (anxiété, phobie, dépression, paranoïa). Chiffre encore plus inquiétant: un jeune sur cinq (22%) affirme avoir ressenti cette gêne de manière importante.”

Surtout quand on ne sait pas ce que signifie paradoxalement (sérieusement dites-moi où est le paradoxe), j’ai envie de dire qu’on ferme sa gueule. Et puis marteler son article de “inquiétant”, “rassurant”, “heureusement”, en plus de faire un jugement de valeur sur ce que ressentent les gens, n’est d’aucune utilité.

On pourrait par exemple tenter de trouver des explications ou de rationaliser les résultats. Y a quand même 63% des jeunes inquiets pour leur avenir, ça viendrait donc uniquement d’eux et pas du monde dans lequel on vit ? Je dis ça parce que si j’avais été sondée j’aurais contribué à ce pourcentage. Non sérieusement. Et puis j’ai regardé les commentaires parce que je me disais qu’à ce niveau de bullshit il y avait forcément des gens de mon avis. Bah j’ai pas été déçue. Plein de vieux cons qui disent que les jeunes avec leurs Iphone ils ont la belle vie alors qu’eux se tuent à la tâche. Ouais, des vieux qu’ont pas le temps s’emmerdent à lire la rubrique étudiant d’un journal en ligne pour déverser leur mépris pour la génération qui va financer leur retraite en enchainant les CDD, qui vivra certainement pas mal de périodes de chômage malgré ses diplômes universitaires. Je rigole ou je pleure ? En plus apparemment c’est la faute à l’alcool et à la drogue. C’est vrai que l’alcool avant ça existait pas, la drogue non plus. C’est les jeunes qui les ont créés parce qu’ils n’ont aucun sens des valeurs. C’est pas parce qu’ils n’ont pas eu la même “enfance dorée” que nous que notre souffrance n’existe pas. C’est pas parce qu’on n’a pas commencé à travailler à quatorze ans, que notre vie commence globalement bien, qu’elle va être toujours belle, et on le sait. Mais bon, va expliquer ça a trucmuche pas content, aigri par la vie, qui déteste les jeunes, et méprise ceux qui souffrent parce qu’il envie ce qu’il n’aurait peut-être pas autant aimé qu’il le croit.

Enfin, je devrais pas être surprise en tant que “jeune remplie d’idées de gauchistes”, que le Figaro et ses lecteurs droitistes me paraissent cons.

Ne pas toucher

Aussi loin que je me souvienne, je n’ai jamais été particulièrement tactile. C’est vrai que quand j’étais petite, j’aimais bien tenir la main de ma mère, de ma grand-mère ou de ma tante, de la maîtresse ou de mes copines quand on se rangeait. Mais je n’ai jamais vraiment été habituée aux câlins. D’ailleurs, à la fin de la primaire, j’ai arrêté progressivement de tenir la main des gens. C’était peut-être à la fois parce que ça faisait “bébé” selon certains de mes camarades, et aussi par désir personnel de liberté. Mais je me demande si je ne me suis pas forcée aussi. Enfin c’est sans doute un peu compliqué de revenir sur des choses aussi lointaines.

Toujours est-il qu’aujourd’hui le moins que l’on puisse dire est que je ne suis pas tactile. Pas du tout. Autant faire la bise est une convention sociale qui me parait totalement anodine (quoique je suis toujours plus hésitante face à un total inconnu), autant dès qu’on passe à autre chose je suis déjà plus réticente. Serrer la main passe encore, parce qu’il n’y a pas plus de signification qu’avec la bise, même si le rapport de “force”, et le contact de ma paume souvent moite (ce que les gens trouvent dégueu et ajoute à mon désarroi) avec quelqu’un d’autre, surtout si je ne le connais pas bien (ce qui est fort probable puisque sinon je lui aurais fait la bise), me gêne déjà. Rien que ces contacts formels sont loin d’avoir été simples. Avant le lycée, il était inenvisageable pour moi de faire la bise à d’autres personnes que mes amis. Depuis, on peut dire que je me suis “sociabilisée”, ce qui n’est ni une bonne ni une mauvaise chose, bien qu’on tente de nous faire croire que l’asociabilité existe et est en plus une mauvaise chose. Mais c’est un autre sujet.

Revenons à nos moutons. Il existe bien d’autres formes de contact tactile “innocent” et sans vraiment d’intention ou de signification spéciale dans la vie de tous les jours. Mais j’y met toujours beaucoup de sens personnellement. De là résulte un problème majeur : je déteste qu’on me touche sans mon accord, et c’est encore pire si c’est fait par surprise, comprendre par là qu’on ne me laisse pas le choix de le voir venir en m’attaquant hors de mon champ de vision où quand je ne m’y attends pas. Dans ces cas là, j’ai très souvent un mouvement de recul, un sursaut instinctif, et suivant la personne je souris bêtement (j’aime bien la personne), ou je suis agacée (comprendre je ne veux pas que cette personne me touche), ou parfois je suis un peu hébétée parce que c’est une personne à qui je ne m’attendais pas du tout. Je ne suis pas exactement contre le fait qu’on me touche, mais c’est très compliqué, car j’en ai très rarement envie, et que j’éprouve une aversion envers le fait que certaines personnes me touchent alors qu’elles sont plus proches de moi que d’autres qui ne me poseraient aucun problème. Et souvent, plus la personne est tactile et a tendance à toucher les autres sans raison, plus ça va me révulser qu’elle me touche. Plus une personne a envie de me toucher, plus j’ai envie qu’elle se tienne loin de moi. C’est con hein ? Bon, après il y a des exceptions, comme ma meilleure amie, une amie de collège, et ma mère, et puis peut-être certaines autres personnes. Mais ce sont des personnes qui respectent beaucoup plus mon espace personnel à la base. Je crois que ça marche aussi beaucoup au feeling. Je sens quand les gens veulent me toucher pour eux-mêmes, à comprendre que le contact les réconforte et les rassure et quand il le font parce qu’ils m’apprécient vraiment.

D’ailleurs, il ne faut pas croire que ce n’est qu’un problème d’être touchée. Moi-même je touche très rarement (jamais ?) les autres. Vu que je n’aime pas qu’on le fasse sur moi, je n’aime pas l’idée de révulser quelqu’un en le touchant non plus, ni même de surprendre. D’ailleurs, les rares moments où j’ai envie de toucher une personne pour la réconforter, ou parce que je le sens bien là tout de suite, sont tout à fait aléatoires. Bon je suppose que c’est comme ça que c’est censé marcher, mais en tant que “personne pas tactile” assumée, ce serait d’autant plus gênant de toucher les gens sur une impulsion sans même savoir pourquoi je le fais et si eux-mêmes en ont envie. Mais ce sont de toute façon des moments très rares dans ma vie. Globalement, mon rapport au toucher est beaucoup trop rationnalisé, et pas du tout naturel. Je crois que j’ai trop retourné la question dans mon esprit.

Il y a tout de même une forme de toucher que j’apprécie plus particulièrement, c’est d’être très près d’une personne que j’apprécie, qui ne me révulse pas et n’est pas tactile avec moi (par personnalité ou parce qu’elle me respecte) sans toucher “intentionnellement”. Bon, c’est dur à décrire, mais c’est quand par exemple je suis assise à côté de quelqu’un que j’apprécie, et qu’une partie du corps, épaules ou genoux se touchent.

Toujours est-il que ce n’est pas quelque chose qui me manque. Je n’aime pas trop le toucher parce que souvent les gens s’en servent quand il ne savent pas communiquer. Quand je suis triste ou patraque, rares sont les gens qui vont vraiment me réconforter en passant du temps avec moi, en m’écoutant, ou en me changeant les idées. On préfère plutôt m’imposer un câlin ou une étreinte amicale. Oui m’imposer. Je ne le demande pas, mon langage corporel ne peut aucunement l’indiquer, les gens font juste ce truc débile de me toucher quand je suis triste ou abattue alors que je n’en ai pas envie. Pourtant je le dis souvent que je ne suis pas tactile. Mais apparemment beaucoup de gens comprennent simplement pas là que je ne suis pas une Nintendo DS, un IPhone ou autre appareil dernier cri.

Je ne veux pas être touchée par n’importe qui contre mon gré, est-ce qu’il faut que je porte un panneau “interdiction de toucher” autour du cou ou est-ce qu’un jour les gens vont finir par comprendre que ce n’est pas parce qu’ils ont envie de mettre leur main sur moi que ça va me faire plaisir ?