L’ironie de ce titre pourrait en faire tiquer plus d’un. D’abord parce que les facs françaises font partie des rares à ne pas faire payer des sommes astronomiques. Les frais d’inscription ne dépassent jamais les quelques centaines d’euros, et les étudiants boursiers en sont exonérés. Certes. Qu’il y a des bonnes facs, de bons profs, de bons cursus, oui, c’est un fait (qui n’est hélas pas généralité).
En revanche, des tas d’autres problèmes subsistent. Ces problèmes sont peut-être liés au caractère public des université, pourtant je redoute énormément la privatisation. Si les frais changent, des tas de gens comme moi ne pourraient plus y accéder, et malgré ce que j’en dis, ça reste un choix que j’ai fait et referais.
On passera sur la réputation pas volée de l’administration. De la grosse merde. Entre des secrétaires en sous effectif qui font de n’importe quelle démarche un peu poussée un enfer de lenteur, et certains profs joignables quand bon leur semble, on nous fait sentir que les erreurs concernant nos dossiers, nos notes mal rentrées (qui se soldent parfois par des zéros ou absences inscrites sur le bulletin alors que bon pour 8 pages en 3 heures ça sent l’arnaque), ou toute autre requête n’est pas du tout prioritaire.
Les profs, que dire des profs. Certains sont très bons, accessibles, souriants, chaleureux, aiment leur job et sont conscient de la chance qu’ils ont. Sans vouloir faire de généralités, ce sont pour mon cas précis les profs étrangers qui étaient souvent les meilleurs, en tout cas au niveau de leur rapport aux élèves et de leur attitude en cours, leur dynamisme. Beaucoup d’autre en revanche, se sont montrés quelque peu hautains, s’estimant bien placés pour nous juger du haut de leur chevaux normaliens, nous, pitoyables étudiants de licence de fac de province. Evidemment, rien d’explicite. Mais quand un prof de littérature explique à des L3 qu’il ne faut pas se laisser envahir par trop de culture populaire, comme si nous étions incapables d’avoir des goûts qui nous seraient propres en dehors de la radio et de la télé… quand un autre a gueulé sur des étudiants au début de l’année du haut de son statut de sous-directeur d’ufr parce que certains étudiants s’étaient inscrits à une horaire, n’étaient pas sur la liste, mais ne voulaient pas être relegués au groupe d’après (ce qui était normal et dans leur droit)… quand une autre, à quelques mois de la retraite, se permet d’interpeller les élèves maladroitement comme si elle s’adressait à des collégiens pour exiger d’eux qu’ils « articulent parce que vraiment là on comprend rien quand même » et de s’offusquer quand la personne en question se défend en disant qu’elle est malade par un « oh ! oh ! alors ça j’ai jamais vu ça ! jamais ! jamais un élève ne s’était permis de me répondre comme ça ! » … Et le manque de respect vis à vis des étudiants ça ne s’arrête pas à ces quelques interactions malvenues. Le manque de respect c’est aussi cet autre commentaire du prof de littérature qui dit sous couvert d’humour qu’il aurait préféré ne pas être là à nous faire cours, lui qui a la chance d’être prof à l’université là où d’autres galèrent au collège, au lycée, ou dans un autre métier à des lieues de sa vie confortable. C’est aussi cette prof d’option qui fait passer des exposés inutiles une moitié de semestre et qui se permet de se pointer avec des posts it en guise de notes…
Et puis les étudiants, parlons de certains d’entre eux. Il y en a des respectables, mais comme vous vous en doutez, je ne vais pas m’attarder dessus. En général, ils sont beaucoup moins populaires, ce qui est dommage, mais logique.
Il y a des étudiants qui sont là on ne sait pas trop pourquoi. Qu’ils viennent aux TD, où les absences répétées sont sanctionnées par un 0 en contrôle continu, ça se comprend. Qu’ils viennent aux CM, pour faire chier les autres en jacassant et en faisant les cons, c’est un phénomène social dont il conviendrait d’étudier les raisons. Il y a d’autres personnes encore, qui, assez fiers de leur personne, aime bien ouvrir leur grande gueule pour parler d’eux, de leurs projets, et de la prétendue nullité de tels autres étudiants ou profs. Généralement, quiconque ayant un esprit critique assez développé cerne vite leur vacuité intellectuelle. Il n’est en revanche pas facile de leur échapper. Ils aiment l’ouvrir, et les grandes gueules, avant qu’on n’aie le temps de dire ouf, ont déjà un cercle de relations étendu qui leur permettent de s’incruster dans beaucoup de conversation. Par chance, je suis restée toute l’année quasi-exclusivement avec mes deux amies de prépa, et on a échappé au pire. D’ailleurs, l’un de ces mauvais bougre fera peut-être l’objet d’un article à part entière.
L’administration, les profs, les étudiants. Il y a pas mal de mauvais là dedans. Et quand on sort de prépa, le choc est assez déroutant. Si j’avais été seule, nul doute que je l’aurais mal vécu.
Bien sûr, l' »indépendance », la possibilité de glander beaucoup plus en ayant de meilleurs résultats est non négligeable. Mais l’année parait longue finalement, puisqu’on la passe à ne rien faire et à s’ennuyer quand certains profs estiment nécessaire de rappeler à des L3 ce qu’est le commerce triangulaire.
La fac en soit, ce n’est pas si mal. Mais les moyens manquent. Surtout dans certaines filières littéraires, peut-être un peu délaissées au niveau régional voire nationale, rapport à leur réputation d’inutilité publique. Certains profs font le double d’heures de cours, sans pouvoir assumer la charge totale de tous ces étudiants, résultat : des tds surchargés. D’autres délaissent un peu la partie cours, et préfèrent se consacrer à la recherche, le coeur de leur métier finalement. Mais ça rend leur travail en tant que prof presque nuisible, un étudiant qui se sent méprisé n’a pas envie d’écouter, de donner le meilleur de lui-même. C’est un fait, nous, étudiants, dans notre globalité, sommes parfois regardés de haut, jugés plus stupides que les générations précédentes, et la culpabilité est évidemment de notre côté. Un prof privilégié, plus doué que la moyenne, ou plus chanceux au cours de ses études, ne va pas toujours savoir remettre en question certaines choses essentielles. Certains croient en la méritocratie dur comme faire, alors que le mérite est une donnée des plus subjectives. Pour avoir du mérite, encore faut-il qu’on nous ai donné l’envie, le courage, les capacités de s’émerveiller et de s’intéresser pour un sujet. Sans ça, un étudiant ça va, ça vient, toujours pas sûr, en L3, de ce qu’il veut faire de sa vie.